Kandinsky

L'EXPOSITION

L'exposition « Kandinsky, la musique des couleurs » à la Philharmonie de Paris invite les amateurs d'art à découvrir les liens profonds entre peinture et musique chez Vassily Kandinsky. Organisée avec le Centre Pompidou, elle rassemble près de 200 œuvres et objets de l'atelier de l'artiste. Des peintures emblématiques comme Jaune-rouge-bleu de 1925 aux dessins préparatoires, ce parcours met en lumière comment la musique a guidé Kandinsky vers l'abstraction, transformant sa vision artistique en un dialogue harmonieux entre formes et sons.

LE MODÈLE ABSTRAIT DE LA MUSIQUE CHEZ KANDINSKY

Vassily Kandinsky, né en 1866 à Moscou, grandit dans un environnement culturel où la musique occupe une place centrale. Issu d'une famille aisée, il s'initie dès l'enfance au violoncelle et à l'harmonium, instruments qu'il pratique en amateur toute sa vie. Cette passion devient un catalyseur pour sa vocation artistique. Influencé par les compositeurs russes comme Modeste Moussorgski et les courants folkloriques émergents, Kandinsky perçoit la musique comme un art libéré de toute représentation figurative.

Contrairement à la peinture traditionnelle, souvent ancrée dans l'imitation de la nature, la musique offre un langage purement abstrait, fait de rythmes, d'harmonies et de dissonances qui transcendent le visible. Cette révélation marque un tournant dans son œuvre. À partir des années 1910, Kandinsky développe des séries comme les Improvisations et les Compositions, où les formes et les couleurs se libèrent des contraintes réalistes. Par exemple, dans Improvisation 3 de 1909, conservée habituellement au Centre Pompidou, les traits dynamiques et les teintes vives évoquent une partition musicale en mouvement, sans référence directe au monde extérieur.

Vassily Kandinsky, Improvisation 3, 1909, huile sur toile, 94 x 130 cm © Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris / Donation de Mme Nina Kandinsky, 1976

Il affine cette approche en dialoguant avec des musiciens d'avant-garde tels que Nikolaï Kulbin, Sergueï Taneïev ou Thomas von Hartmann. Ces échanges intellectuels l'aident à théoriser une peinture qui, comme la musique, agit directement sur l'âme du spectateur.

L'HORIZON MUSICAL ET LES INSPIRATIONS CONTEMPORAINES

L'œuvre de Kandinsky ne se comprend pleinement qu'en la replaçant dans le bouillonnement musical de son époque. Des paysages russes de ses débuts aux Compositions tardives des années 1930-1940, chaque phase créative est imprégnée des sons qui l'entourent. Contemporain de révolutions musicales, il s'inspire des compositions chromatiques d'Alexandre Scriabine, des harmonies atonales d'Arnold Schönberg, ou encore des rythmes primitivistes d'Igor Stravinsky. Ces figures définissent un horizon d'écoute où la modernité musicale et l'abstraction picturale se répondent mutuellement.

Le parcours immersif, équipé d'un casque audio, permet aux visiteurs de vivre ces correspondances en temps réel. En contemplant les œuvres, on peut entendre des extraits de fugues bachiennes ou de pièces de Schönberg. L'exposition recrée des ambiances de cette période, montrant comment l'artiste intègre la performance musicale à ses recherches. Pour ceux qui réservent un billet à la Philharmonie de Paris, cette section offre une plongée dans l'effervescence de l'avant-garde européenne, des années russes aux exils allemands et français.

Vassily Kandinsky, Fuga (Fugue), 1914, huile sur toile, 129,5 x 129,5 cm © Fondation Beyeler, Riehen/Bâle / Photo © Robert Bayer, Basel

Focus sur l'œuvre

Dans Fuga de 1914, prêtée par la Fondation Beyeler, Kandinsky traduit les structures contrapuntiques musicales en lignes entrelacées et en contrastes colorés. Cette œuvre, avec ses formes géométriques entremêlées, illustre parfaitement sa quête d'une géométrie naturelle inspirée par la musique, où le contrepoint musical devient un principe de composition visuelle.

VERS LA SYNTHÈSE DES ARTS ET LES EXPÉRIMENTATIONS SYNESTHÉTIQUES

Au cœur de la réflexion de Kandinsky se trouve l'ambition d'une synthèse totale des arts. L'artiste ne conçoit pas la peinture comme isolée, mais en fusion avec la musique, la poésie et la scène. Cette vision culmine dans des projets multidisciplinaires, où visuel et sonore s'unissent pour créer une expérience globale. L'Almanach du Blaue Reiter, publié en 1912 avec Franz Marc, en est un manifeste : il réunit textes, gravures et analyses musicales pour proclamer l'unité des arts.

L'exposition fait dialoguer tableaux et dessins avec ces initiatives novatrices. Par exemple, les dessins préparatoires pour la mise en scène des Tableaux d'une exposition de Moussorgski en 1928, conservés au Centre Pompidou, montrent comment Kandinsky transpose une suite orchestrale en décors abstraits et en mouvements chorégraphiés. Ces esquisses révèlent un processus où la musique dicte le rythme visuel, transformant la toile en une partition vivante.

Vassily Kandinsky, Dessins préparatoires pour la mise en scène de Tableaux d'une exposition, Bild II. Gnomus, 1928 © Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris / Donation de Mme Nina Kandinsky, 1976

POURQUOI ALLER VOIR L'EXPO « KANDINSKY, LA MUSIQUE DES COULEURS » ?

« Kandinsky, la musique des couleurs » à la Philharmonie de Paris offre une occasion unique de redécouvrir un pionnier de l'abstraction à travers le prisme de la musique, révélant des facettes inédites de son génie. Avec près de 200 œuvres et objets, dont des prêts internationaux, elle propose un parcours immersif qui fait dialoguer peintures et sons, idéal pour comprendre comment Kandinsky a révolutionné l'art en s'inspirant des compositeurs de son temps.

Vassily Kandinsky, Jaune-rouge-bleu, 1925, huile sur toile, 128 x 201,5 cm © Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris / Donation Nina Kandinsky, 1976

Point de vue critique

Cette toile emblématique de 1925 illustre pleinement la maîtrise de Kandinsky dans la traduction visuelle des structures musicales. Les trois couleurs primaires structurent la composition comme les voix d'une fugue, tandis que les formes géométriques créent un rythme visuel aussi dynamique qu'une partition de Bach. Cette œuvre manifeste la synthèse artistique recherchée par Kandinsky, où chaque élément pictural correspond à une note, chaque contraste à un accord.

Au-delà des chefs-d'œuvre rassemblés, l'exposition se distingue par son approche multisensorielle : équipés d'un casque audio, les visiteurs découvrent les musiques qui ont inspiré l'artiste, des Tableaux d'une exposition de Moussorgski aux pièces d'Arnold Schönberg.

Cette immersion fait du visiteur un auditeur-spectateur, reproduisant l'expérience synesthétique vécue par Kandinsky lui-même. Une scénographie innovante, conçue en collaboration avec le Centre Pompidou, enrichit le parcours d'archives sonores et visuelles inédites, offrant une plongée totale dans l'univers de l'artiste.

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INFORMATIONS PRATIQUES

Lieu

Philharmonie de Paris 221 avenue Jean Jaurès, 75019 Paris

Horaires

• Période normale :
• Du mardi au jeudi : 12h00 à 18h00
• Le vendredi : 12h00 à 20h00
• Le samedi : 10h00 à 20h00
• Le dimanche : 10h00 à 18h00

• Vacances scolaires (zone C) :
• Du mardi au jeudi : 10h00 à 18h00
• Le vendredi et le samedi : 10h00 à 20h00
• Le dimanche : 10h00 à 18h00

• Fermetures :
• Fermé le lundi
• Fermé le 25 décembre et le 1^er janvier

Tarifs

• FNAC :
• Normal : 17 €
• Adhérent Fnac : 13 €
• Jeune (18-28 ans) : 13 €
• Enfant (12-17 ans) : 11 €

• INFORMATIONS :
• Gratuit pour les moins de 12 ans
• Gratuit pour les Amis de la Philharmonie
• Réservation fortement recommandée

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