Du 8 octobre 2025 au 11 janvier 2026, l'exposition « My name is Orson Welles » à la Cinémathèque française vous invite à plonger dans l'univers fascinant d'un monstre sacré du cinéma. Sur 600 m², cette rétrospective ambitieuse réunit plus de 400 œuvres et archives, des storyboards de Citizen Kane aux créations artistiques personnelles de Welles. Explorez le parcours d'un génie rebelle, de ses innovations radiophoniques à ses révolutions filmiques, et découvrez les multiples facettes d'un créateur total.

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LES DÉBUTS D'UN PRODIGE REBELLE

Avant même de conquérir Hollywood, Orson Welles s'affirme comme un prodige précoce. Refusant une bourse à Harvard pour une aventure en Europe, il revient à New York pour révolutionner le théâtre. À seulement 23 ans, il produit, met en scène et interprète des pièces audacieuses comme Faust, Macbeth et un Jules César transposé dans l'Italie fasciste. Cette section de l'exposition « My name is Orson Welles » met en lumière cette effervescence créatrice à travers des archives théâtrales, des photos d'époque signées Cecil Beaton et des storyboards témoignant de son ingéniosité.

Orson Welles dirigeant Rita Hayworth sur le tournage de La Dame de Shanghai

C'est à la radio que Welles devient une légende avec son adaptation de La Guerre des mondes en 1938. Simulant une invasion extraterrestre, l'émission sème la panique et révèle sa maîtrise de la narration. L'exposition propose une immersion sonore de cet épisode culte, entourée de vinyles et d'appareils d'époque, illustrant comment ce coup de génie propulsa Welles vers le cinéma. Venez découvrir à la Cinémathèque française comment la voix d'Orson Welles est devenue un puissant outil de révolution culturelle, brouillant les frontières entre fiction et réalité.

CITIZEN KANE : L'ÉPICENTRE D'UNE RÉVOLUTION CINÉMATOGRAPHIQUE

Au cœur de l'exposition « My name is Orson Welles » trône Citizen Kane (1941), le film qui a redéfini les règles du cinéma. À 25 ans, Welles obtient de la RKO une liberté créative sans précédent : contrôle total sur le casting, le budget et le montage final. Admirez des storyboards originaux, des photos de tournage et une installation interactive recréant la scène emblématique de la boule à neige. L'exposition décrypte ses innovations techniques, comme la profondeur de champ et la narration non linéaire, qui continuent d'influencer des générations de cinéastes.

Menacé d'interdiction par le magnat William Randolph Hearst, qui inspira le personnage de Charles Foster Kane, le film dérange par sa critique acerbe du pouvoir et de la solitude. À travers des affiches rares et des archives, l'exposition révèle les coulisses d'un combat pour l'indépendance artistique. Pour tout passionné du 7ème art, réserver un billet pour cette exposition à la Cinémathèque française est une occasion unique de saisir le génie d'une œuvre qui, à chaque vision, renouvelle sa magie et sa complexité.

Photogramme du film Le Procès d'Orson Welles (1962)

Focus sur l'œuvre

Après Citizen Kane, Welles continue de repousser les limites avec Le Procès (1962), une adaptation magistrale de Kafka. L'exposition présente des photogrammes et des documents de tournage qui illustrent comment Welles transforme l'univers claustrophobe de l'auteur en un cauchemar visuel expressionniste. Angles de caméra audacieux, décors labyrinthiques : il réinvente le langage cinématographique pour traduire l'angoisse existentielle de Joseph K. et signer un autoportrait paranoïaque de l'artiste en suspect idéal.

LES MULTIPLES FACETTES D'UN ARTISTE EUROPÉEN ET POLITIQUE

Confronté aux pressions d'Hollywood, Orson Welles entame un exil créatif en Europe. Cette section de l'exposition explore ses chefs-d'œuvre de l'époque, comme ses adaptations shakespeariennes. Othello (1952), tourné dans des conditions épiques, témoigne de son audace et de son indépendance. Des dessins préparatoires et sculptures, parmi les quarante œuvres personnelles exposées, révèlent ses talents méconnus de plasticien. Des installations immersives, comme une structure de miroirs évoquant la scène culte de La Dame de Shanghai (1947), ponctuent le parcours.

Imprégné de littérature et engagé politiquement, Welles était un intellectuel progressiste qui soutenait Roosevelt et dénonçait la ploutocratie américaine, un thème central de Citizen Kane. L'exposition rassemble des objets personnels, comme son costume de magicien, rappelant ses spectacles pour les soldats durant la guerre. Ses projets inachevés, tels que Don Quichotte ou The Other Side of the Wind, témoignent de sa persévérance infatigable. Ces archives rares dressent le portrait d'un "one-man-band" visionnaire, dont l'influence sur la pop culture, des Peanuts aux Sopranos, reste immense.

Photo du tournage d'Othello prise par Alexandre Trauner

Alexandre Trauner, Photo du tournage d'Othello, 1950 Collection Didier Naert. © ADAGP Paris, 2025

POURQUOI VOIR L'EXPOSITION "MY NAME IS ORSON WELLES" ?

« My name is Orson Welles » est bien plus qu'une exposition : c'est une occasion unique de redécouvrir un artiste total qui a dynamité les codes du cinéma. Avec plus de 400 pièces, elle met en lumière ses innovations techniques, ses talents cachés de dessinateur et de sculpteur, et l'engagement politique d'un visionnaire. Pour les passionnés d'art et d'histoire, c'est une plongée captivante dans une vie d'exception, enrichie d'archives rares et d'installations interactives. Ne manquez pas cette rétrospective immersive qui, 40 ans après sa disparition, célèbre l'héritage intemporel de Welles et continue d'inspirer les créateurs du monde entier.

Orson Welles, Autoportrait au cigare Issu des collections personnelles d'Orson Welles et Oja Kodar. Collection des Archives d'État à Šibenik, Croatie.

Notre avis critique

Cette exposition révèle un Orson Welles multiple, bien au-delà du mythe de Citizen Kane. La quarantaine de dessins et sculptures présentés, dont ce fascinant autoportrait, dévoile un talent artistique méconnu. Les installations immersives, comme la boule à neige ou la structure de miroirs, offrent une expérience sensorielle remarquable. Le parcours, à la fois chronologique et thématique, dresse un portrait nuancé d'un génie souvent incompris, à la fois visionnaire technique et intellectuel engagé. Une rétrospective essentielle qui réconcilie le grand public avec l'œuvre protéiforme de Welles.

Dessin préparatoire d'Orson Welles pour son film Falstaff

Orson Welles, Dessin pour Falstaff Courtesy of the University of Michigan Library, Special Collections Research Center, Orson Welles Alessandro Tasca di Cuto Papers. © Estate of Orson Welles

Les cinq sections thématiques permettent de suivre le parcours exceptionnel de Welles, de ses débuts fulgurants à New York à ses dernières années, où il jongle entre projets inachevés et apparitions publiques. Les trois salles de projection, diffusant en boucle des extraits de son œuvre, offrent une plongée directe dans son écriture cinématographique unique. Enrichie de photos rares de Cecil Beaton ou Irving Penn et d'archives personnelles, cette exposition est un événement majeur pour quiconque souhaite comprendre l'ampleur du génie wellesien.

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