L'exposition « Gerhard Richter » à la Fondation Louis Vuitton offre une immersion captivante dans l'œuvre d'un des artistes contemporains les plus influents. Du 17 octobre 2025 au 2 mars 2026, cette rétrospective majeure réunit 275 œuvres couvrant six décennies, de 1962 à 2024. Né à Dresde en 1932, Gerhard Richter explore les limites de la peinture à travers des médiums variés, des toiles à l'huile aux sculptures en verre, en passant par des dessins et aquarelles.

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DES DÉBUTS MARQUÉS PAR LA PHOTOGRAPHIE ET LES GENRES CLASSIQUES RÉINVENTÉS

Gerhard Richter, formé à l'École des Beaux-Arts de Dresde avant de s'établir à l'Ouest en 1961, entame son parcours en remettant en question les conventions picturales. Dans les années 1960-1970, il s'inspire de photographies pour produire des images autonomes, évitant toute représentation directe d'après nature. Cette méthode transforme des sujets ordinaires en œuvres introspectives, interrogeant la relation entre peinture et photographie dans le contexte de la société de consommation ouest-allemande d'après-guerre.

Gerhard Richter, Tisch, 1962, huile sur toile, 90,2 x 113 cm Collection particulière © Gerhard Richter 2025 (18102025) | Photograph: © Jennifer Bornstein

L'exposition « Gerhard Richter » à la Fondation Louis Vuitton débute avec Tisch (Table), œuvre fondatrice que l'artiste considère comme sa première déclaration artistique mature et qu'il place en tête de son catalogue raisonné. Peinte en 1962, elle illustre parfaitement la tension entre figuration et abstraction qui caractérisera toute sa carrière. Basée sur une photographie publicitaire d'une table design de la marque italienne Gardella parue dans le magazine Domus, la toile fut initialement exécutée de manière réaliste avant que Richter, insatisfait du résultat, ne recouvre partiellement l'image de coups de pinceau gestuels. Ce processus de recouvrement, de négation de l'image figurative, anticipe la technique du flou qu'il développera ultérieurement et marque déjà son oscillation entre modes picturaux contradictoires. L'œuvre peut également être interprétée comme une réflexion sur la société de consommation de l'Allemagne de l'Ouest, contrastant avec sa patrie est-allemande qu'il venait de quitter l'année précédente : alors que la table design Gardella était un objet de luxe, elle symbolisait les promesses du "miracle économique" occidental.

L'ABSTRACTION COMME CHAMP D'EXPÉRIMENTATION INFINI

À partir des années 1970, Gerhard Richter approfondit son exploration de l'abstraction, transformant la peinture en un laboratoire de formes et de couleurs. Les Peintures Grises, niant toute représentation ou expression émotionnelle, marquent un tournant, où l'artiste examine la surface picturale elle-même. Cette période, couvrant les décennies 1970-1980, voit émerger des abstractions où Richter joue avec les textures et les superpositions, utilisant aussi bien le pinceau que la raclette pour créer des effets variés.

L'exposition « Gerhard Richter » à la Fondation Louis Vuitton consacre des espaces entiers à ces innovations, révélant comment l'artiste intègre le hasard dans sa création. Les œuvres abstraites de cette période, souvent réalisées au racloir pour étaler la peinture de manière imprévisible, incarnent une tension entre contrôle et aléatoire, un thème récurrent dans l'œuvre de Richter. La construction géométrique, les couleurs vives et les textures superposées créent des compositions énergiques où se mêlent réalisme et abstraction.

Gerhard Richter, Lilak, 1982 (CR 494), huile sur toile, 2 panneaux, 260 x 200 cm chaque Fondation Louis Vuitton, Paris | © Gerhard Richter 2025 | Crédit photographique : © Primae / Louis Bourjac

Focus sur l'œuvre

Ce diptyque abstrait de 1982, issu de la collection permanente de la Fondation Louis Vuitton, illustre parfaitement la maîtrise technique de Richter dans l'exploration de l'abstraction pure. Composée de deux panneaux monumentaux, l'œuvre présente une construction géométrique sophistiquée de lignes, colonnes et tubes qui créent une illusion de profondeur spatiale. L'artiste utilise différents outils - pinceaux et raclettes - pour produire des effets de texture variés sur chaque zone de couleur. Les touches de bleu aux coins de la composition constituent des références naturalistes au ciel, tandis que l'exécution gestuelle combinée aux couleurs vives - vert, jaune, bleu - dégage une impression d'énergie et de profusion. Exposée initialement à la documenta 7 de Kassel en 1982, cette peinture témoigne de la période hautement productive de Richter au début des années 1980, où il alterne entre petites œuvres figuratives et grandes abstractions monumentales.

L'EXPÉRIMENTATION AVEC LE HASARD ET LA COULEUR

À la fin des années 1990, Gerhard Richter entre dans une période extrêmement productive qui le mène vers de nouvelles explorations formelles. Après avoir développé les austères séries Silikat, l'artiste se lance dans des expériences audacieuses avec le hasard qui aboutiront à l'œuvre monumentale 4900 Farben. Cette recherche sur la couleur pure trouve son origine dans une commande exceptionnelle : en 2007, Richter est invité à reconcevoir le vitrail du transept sud de la cathédrale de Cologne, détruit pendant la Seconde Guerre mondiale. Pour ce projet, il conçoit un vitrail abstrait composé de 11 500 carrés de verre soufflé à la main dans 72 couleurs différentes, dont la distribution apparemment aléatoire est générée par un programme informatique spécialement développé.

C'est en parallèle de ce vitrail monumental que Richter crée 4900 Farben, poursuivant ses investigations sur les nuanciers de couleurs qu'il avait entamées dès 1966 en reproduisant à grande échelle les nuanciers industriels des fabricants de peinture. Composée de 196 panneaux de laque sur Alu-Dibond de 48,5 x 48,5 cm chacun, contenant chacun 25 carrés de couleur, l'œuvre peut être disposée selon 11 configurations différentes - allant de multiples petites combinaisons en grille à une seule œuvre monumentale de grand format. Aucune hiérarchie n'existe entre les différentes versions, chacune présentant un état différent du champ coloré, sans interférence réciproque ou définitive. Cette approche systématique de la couleur, où le hasard contrôlé par l'algorithme informatique remplace le choix subjectif de l'artiste, représente une exploration radicale des possibilités de la peinture abstraite.

Gerhard Richter, 4900 Farben, 2007, laque sur Alu-Dibond, 196 panneaux, 48,5 x 48,5 cm chaque Fondation Louis Vuitton, Paris | © Gerhard Richter 2025 | Crédit photographique : © Primae / Louis Bourjac

POURQUOI ALLER VOIR L'EXPO "GERHARD RICHTER" ?

L'exposition « Gerhard Richter » à la Fondation Louis Vuitton représente une opportunité exceptionnelle de plonger dans l'univers d'un maître de la peinture contemporaine, couvrant plus de soixante ans d'innovations qui redéfinissent les genres artistiques. Avec 275 œuvres emblématiques, incluant des séries phares comme 18 octobre 1977 ou Birkenau, elle propose un panorama exhaustif entre figuration photographique et abstraction audacieuse, invitant à une réflexion sur la mémoire, la perception et les frontières de l'art.

Gerhard Richter, Cage (6), 2006, huile sur toile, 300 x 300 cm Collection particulière © Gerhard Richter 2025 (18102025)

Parfaite pour les amateurs d'histoire de l'art ou les curieux des techniques picturales diversifiées, cette rétrospective fascine par sa profondeur thématique et son envergure inédite. Réservez votre billet à la Fondation Louis Vuitton pour explorer comment Richter métamorphose le quotidien en œuvre intemporelle, une expérience visuelle mémorable qui nourrit l'esprit et stimule la créativité. Ne ratez pas cette immersion dans le travail d'un géant de l'art moderne, où chaque toile narre une histoire de rupture et de continuité.

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