Bronzes royaux d'Angkor

L'HÉRITAGE SACRÉ DES BRONZES KHMERS

L'empire khmer, mondialement célébré pour ses impressionnants temples de pierre, révèle ici une autre dimension de son génie artistique à travers ses bronzes royaux. Ces œuvres, réalisées à partir d'alliages précieux mêlant cuivre, étain, or ou argent, transcendaient leur fonction décorative : elles incarnaient les divinités hindoues et bouddhistes vénérées dans les sanctuaires sacrés. Commandées par les souverains khmers, elles témoignent d'un savoir-faire métallurgique d'exception, perfectionné dans des ateliers situés à proximité du Palais royal.

Artisan khmer, Personnage Féminin Agenouillé, Support de Miroir (?), première moitié du XIIe siècle, bronze © Musée national du Cambodge

L'exposition « Bronzes royaux d'Angkor, un art du divin » met en lumière ces trésors, enrichis par des découvertes archéologiques récentes. Elle retrace leur histoire depuis le IXe siècle jusqu'à l'époque moderne, à travers un parcours chronologique qui transporte les visiteurs d'Angkor à Phnom Penh, en passant par Oudong. Statues divines, objets de culte et fragments architecturaux illustrent la profondeur spirituelle et la finesse technique d'une civilisation qui domina l'Asie du Sud-Est pendant plus de cinq siècles.

LA RENAISSANCE DU VISHNOU COUCHÉ : UNE ICÔNE RÉVÉLÉE

Véritable joyau de l'exposition, la statue monumentale du Vishnou couché du Mébon occidental attire tous les regards. Découverte en 1936 dans un sanctuaire du XIe siècle à l'ouest d'Angkor, cette œuvre imposante, longue de plus de cinq mètres, représente le dieu hindou méditant sur la renaissance de l'univers, reposant sur un serpent géant. Fragmentée pendant des décennies, elle a été minutieusement restaurée en 2024, révélant des détails extraordinaires : une fine couche d'or, des yeux en argent et des touches polychromes qui restituent sa splendeur d'origine.

Artisan khmer, Vishnou couché du Mébon occidental (Vishnou Anantashayin), XIe siècle, bronze doré avec incrustations d'argent © Musée national du Cambodge

Focus sur l'œuvre

Surnommée « La Joconde du Cambodge », cette statue monumentale marque un tournant historique avec la réunion de ses fragments. La restauration de 2024 a révélé une technique d'orfèvrerie d'exception, alliant bronze, or et argent dans une harmonie parfaite.

Cette œuvre majestueuse témoigne de la maîtrise technique des artisans khmers du XIe siècle sous le règne de Suryavarman Ier. Réalisée selon la technique ancestrale de la fonte à cire perdue, elle révèle aujourd'hui ses secrets : une fine pellicule d'or recouvre le bronze, tandis que les yeux incrustés d'argent et les détails polychromes – sourcils et lèvres rehaussés de rouge – lui confèrent une présence saisissante.

Découverte en 1936 par l'École française d'Extrême-Orient dans le temple du Mébon occidental, cette représentation de Vishnou Anantashayin évoque la méditation cosmique du dieu préservateur, allongé sur le serpent éternel Ananta. Au-delà de sa dimension artistique, elle incarne la spiritualité profonde de l'empire khmer et son lien indissociable entre pouvoir royal et divinité. Présentée pour la première fois dans son intégralité , elle offre aux visiteurs une rencontre exceptionnelle avec l'âme de la civilisation angkorienne.

UN PONT ENTRE DEUX NATIONS POUR L'ART ET LA MÉMOIRE

Au-delà d'une simple exposition, « Bronzes royaux d'Angkor, un art du divin » célèbre une collaboration exemplaire entre la France et le Cambodge. Les 126 prêts exceptionnels du Musée national du Cambodge, soutenus par le gouvernement royal, ont été rendus possibles grâce à un partenariat avec des institutions prestigieuses : le Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF), l'École française d'Extrême-Orient (EFEO) et la fondation ALIPH.

Le parcours, agrémenté de photographies, moulages et documents historiques, contextualise ces bronzes dans leur cadre culturel et archéologique. La scénographie, à la fois sobre et évocatrice, recrée l'ambiance mystique des sanctuaires khmers, plongeant les visiteurs dans une expérience immersive. Ce projet illustre l'importance de la coopération internationale pour préserver et transmettre un héritage artistique universel.

Artisan khmer, Gardien de Porte (Dvarapala), fin XIIe - XIIIe siècle, bronze doré © Musée national du Cambodge

POURQUOI ALLER VOIR L'EXPO "BRONZES ROYAUX D'ANGKOR, UN ART DU DIVIN" ?

L'exposition « Bronzes royaux d'Angkor, un art du divin » offre une opportunité rare d'explorer l'art khmer sous un jour nouveau. Des bronzes sacrés aux détails raffinés, façonnés avec des techniques de fonte sophistiquées, elle révèle la richesse d'un patrimoine souvent éclipsé par les temples d'Angkor. La statue du Vishnou couché, réunie et restaurée, constitue à elle seule une raison impérieuse de réserver son billet pour le Musée Guimet.

Que vous soyez amateur d'art asiatique ou simple curieux, cette exposition promet une expérience visuelle et intellectuelle mémorable. Elle rend hommage à la résilience d'un peuple et à la beauté intemporelle de ses créations. Ne ratez pas cette chance unique d'admirer des trésors rarement sortis du Cambodge, sublimés par une mise en scène qui honore leur grandeur passée. Planifiez votre visite entre le 30 avril et le 8 septembre 2025 pour découvrir pourquoi cette exposition est un rendez-vous culturel incontournable.