Anna Maria Maiolino

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LA TRAJECTOIRE D'UNE ARTISTE EN EXIL ET EN RÉSISTANCE

Anna Maria Maiolino a traversé des migrations qui ont profondément sculpté son univers artistique. De l'Italie au Venezuela en 1954, puis au Brésil en 1960, elle s'installe à Rio de Janeiro au cœur d'un bouillonnement culturel, tout en affrontant la dictature militaire dès 1964. Formée à l'École nationale des beaux-arts, elle s'associe aux mouvements de la Nouvelle Figuration et de la Nouvelle Objectivité, marquant son entrée en scène avec l'exposition Nova Objetividade Brasileira en 1967.

Anna Maria Maiolino, X, da série Fotopoemação, 1974, Photographie et impression analogiques © EVERTON BALLARDIN

Dans cette odyssée personnelle se déploient des thèmes intimes et universels comme l'exil, l'identité et la résistance politique. Maiolino transforme des matériaux modestes en déclarations poétiques, défiant les oppressions sociales et historiques. Sa performance iconique Entrevidas (1981), où elle avance les yeux fermés parmi des œufs fragiles, incarne la précarité de l'existence sous la répression.

LES ŒUVRES MULTIFORMES : DU DESSIN À LA SCULPTURE ORGANIQUE

La richesse des médiums illustre l'expérimentation perpétuelle de l'artiste, déployée en six salles au rez-de-chaussée de l'Hôtel Salé. L'introduction pose les bases de son langage hybride, tandis que la salle sur l'interstice du sens met en lumière des performances comme Entrevidas et des films Super-8 des années 1970, tels que In-Out (Antropofagia) (1973), inspirés du manifeste anthropophage d'Oswald de Andrade.

Anna Maria Maiolino, Sem título, da série Vida Afora (Fotopoemação), 1981, Agrandissement numérique de photos en noir et blanc, © EVERTON BALLARDIN

Focus sur la performance

« La représentation politique rendait la création artistique quasiment impossible. C'était comme de vivre constamment avec une ombre au-dessus de la tête, qui menaçait chaque geste créatif d'être interprété comme un positionnement politique. »

Son œuvre met ainsi l'accent sur l'ouverture plutôt que sur la clôture, sur le devenir plutôt que sur une identité figée.

La section Tempête d'idées révèle pour la première fois un ensemble de dessins inédits, ces petites notations visuelles schématiques qui capturent des idées éphémères sur la nature et l'espace abstrait. Ces formes joyeuses, entre intuition et analyse rigoureuse, transforment le papier en un terrain d'exploration, où les lignes priment sur les mots pour narrer des histoires intérieures.

Anna Maria Maiolino, Sem título, 2017, Graphite sur papier © EVERTON BALLARDIN

EN PRINCIPE : L'ARGILE COMME LANGAGE VIVANT

Depuis le début des années 1980, Maiolino travaille des matériaux malléables dans sa série Terra Modelada (Terre modelée), où l'argile conserve l'empreinte de gestes inconscients et de rituels quotidiens. Pour l'artiste, toute création implique à la fois un commencement et une répétition.

Elle répète inlassablement des gestes primordiaux — pétrir, étirer, couper, rouler, compacter. De ce rituel émerge ce qu'elle nomme « la loi de la série, la loi de la répétition », exprimant ainsi son intérêt profond pour les dynamiques de création et de destruction. Sa nouvelle installation In Principle naît directement de la matière. L'argile, par la répétition de gestes anciens, lui permet un accès intuitif à une mémoire collective, transformant le matériau en un langage vivant.

Anna Maria Maiolino, Um + Dois, da série Novas Paisagens, 1991, Ciment moulé avec pigment © EVERTON BALLARDIN

POURQUOI ALLER VOIR L'EXPO "ANNA MARIA MAIOLINO" ?

Découvrez « Anna Maria Maiolino. Je suis là. Estou Aqui » au Musée Picasso pour une immersion dans l'œuvre d'une artiste qui élève la création en acte de résistance et de vie. Avec une centaine d'œuvres multidisciplinaires, cette première en France fascine par sa tactilité organique et ses explorations profondes de l'exil, du corps et de l'identité, échos puissants à notre monde contemporain.

Anna Maria Maiolino, Sem título, da série A Sombra do Outro, s/d, Ciment moulé avec pigment © EVERTON BALLARDIN

Le dialogue avec Picasso

Au sein du musée Picasso, l'œuvre de Maiolino entre en écho avec celle de l'artiste espagnol. Si tous deux partagent un héritage méditerranéen et une exploration des formes primordiales, Maiolino y insuffle une perspective singulière, redéfinissant radicalement la figure féminine : non plus objet de représentation, mais sujet porteur d'une puissance créatrice.

Couronnée du Lion d'or, Maiolino dialogue finement avec Picasso, offrant une expérience sensorielle et réflexive. Réservez votre billet au Musée Picasso sans tarder pour cette exposition vibrante, ancrée dans la Saison Brésil-France, qui transcende la rétrospective pour célébrer l'art en mouvement. Un appel irrésistible pour passionnés d'art et curieux, où chaque pièce génère des conversations infinies.

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